Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Un idéal de contremaître pervertit les instincts du peuple. Une redingote le dimanche, parler politique, voter…, c’est l’espoir qui tient lieu de tout. L’odieux labeur quotidien n’éveille ni haine, ni rancunes. Le grand parti des travailleurs méprise le feignant qui gagne mal l’argent qu’accorde le patron.

On a du cœur au turbin.

On est fier de ses mains calleuses.

Si déformés que soient les doigts, le joug a fait pire sur les crânes : les bosses de la résignation, de la lâcheté, du respect, ont grossi, sous les cuirs chevelus, au frottement du licol. Les vieux ouvriers vaniteux brandissent leurs certificats : quarante ans dans la même maison ! On les entend raconter ça, en mendiant du pain dans les cours.

— Ayez pitié, messieurs et dames, d’un vieillard infirme, un brave ouvrier, un bon Français, un ancien sous-officier qui s’est battu pendant la guerre… Ayez pitié, messieurs et dames.

Il fait froid ; les fenêtres restent closes. Le vieil homme ne comprend pas…

Instruire le peuple ! Que faudra-t-il donc ? Sa misère ne lui a rien appris. Tant qu’il y aura riches et pauvres, ces derniers s’attelleront d’eux-mêmes pour le service commandé. L’échine des