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Je n’ignore pas qu’on me répondra que les manifestants de Lens, membres du conseil de conciliation et d’arbitrage, représentent bien plus les exploiteurs que les exploités. Ce sont les faux-frères bruyants.

La masse ne les suit pas.

Je pourrais sembler l’admettre si je voulais, par courtisanerie pour le peuple, n’aller pas au bout de ma pensée. Un candidat ferait des réserves pour qu’on ne lui cite point telle phrase le jour où il se présenterait ; un démocrate professionnel n’avouerait pas ; moi, je constate :

C’est l’avachissement indécrassable de la masse des exploités qui crée l’ambition croissante — et logique, des exploiteurs.

Les Rois de la mine, de la houille et de l’Or auraient bien tort de se gêner. La résignation de leurs serfs consacre leur autorité. Leur puissance n’a même plus besoin de se réclamer du droit divin, cette blague décorative ; leur souveraineté se légitime par le consentement populaire. Un plébiscite ouvrier, fait d’adhésions patriotardes, platitudes déclamatoires ou silencieux acquiescements, assure l’empire du patronat et le règne de la bourgeoisie.

À cette œuvre on retrouve l’artisan.

Qu’il soit de la mine ou de l’usine, l’Honnête Ouvrier, cette brebis, a donné la gale au troupeau.