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encore, ils n’ont rien à eux sous le ciel morne, rien que la misère — et une patrie !

Ce beau cadeau leur a été fait par ceux-là mêmes qui les exploitent, abusent d’eux, et trouvent ainsi le moyen de ne pas les payer quand ils leur font prendre le fusil pour défendre les terres des riches, les biens du maître, ce qu’ils appellent : la fortune de la Nation.

Qu’en avez-vous de cette fortune, citoyens sans-le-sou, électeurs ? Quelle est votre part du patrimoine ? Vous êtes nés ici, c’est vrai. Vous y travaillerez jusqu’à mort. Vous êtes les fils de la glèbe.

Vous êtes de bons indigènes.

Mais vous êtes fous quand vous parlez d’une patrie : vous n’en avez pas.


N’importe ! la patrie du patron est celle des bons ouvriers.

Les travailleurs du pays noir en arrivent à porter leurs chaînes comme des bracelets de parade.

Ils montent leur misère en drapeau.

Ces blancs ne valent pas des nègres ; ils sont au-dessous de l’oncle Tom. Ces fétichistes toujours battus ont le servage chevillé dans le corps. Ils manifestent, et c’est pour dire, c’est pour bêler qu’ils sont le troupeau docile.