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passifs d’une iniquité sociale, lorsqu’entendant un cri d’appel, ils restent impassibles et muets, une honte s’étend sur eux. Je laisse à d’autres le soin de les blâmer simplement de ne pas avoir prévenu la police des projets de Mlle Hinque. Ce qu’ils devaient faire était mieux : ils pouvaient saisir l’opinion, crier : Au voleur ! montrer le juge, et prouver, une fois de plus, comment l’injustice est égale pour tous.

Moi, j’aime à dire tout ce que je sais, et tout de suite. Donc, hier, j’ai vu le père Hinque, dans sa petite chambre de la rue Dulong, sous les toits. La douleur et l’épuisement le clouent sur un vieux fauteuil, près du poêle éteint dont le tuyau s’enfuit par la fenêtre mansardée. On devine que tout à l’heure, si du charbon brûle dans ce poêle, le tuyau sera retourné vers la chambre : M. Hinque se tuera ces jours-ci…

Oh ! lui, ce n’est pas un révolté. Au-dessus de son lit, un crucifix ; sur le mur, le portrait de Félix Faure serrant la main de l’empereur de Russie… De temps en temps, des voisins (dans le petit monde, il paraît que parfois l’on s’entr’aide encore) viennent, apportant ce dont ils peuvent se priver. C’est peu de chose, ils l’ont compris, et les braves gens ont écrit au grand philanthrope Rothschild : le sale juif n’a pas répondu. Mais pourquoi s’adresser aux juifs ? Les voisins auraient dû songer à de propres