Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ils partirent dix-huit. Une autre fois, cent cinquante tentèrent de gagner l’air libre…

Wayenberge, dont j’ai dit la mort, (on me reproche d’avoir mal orthographié son nom) n’aurait pas été, un matin, trouvé roide dans sa cellule avec, aux dents, des débris de plâtre, mâchonné pour tromper la faim. Nous rectifions. C’est du chlore qu’afin de mourir, le pauvre gosse avait absorbé — le chlore qu’au fond du baquet on met comme désinfectant.

À cela près, tout est exact : les coups de pied, les coups de bâton, faces meurtries et bras cassé. En vain l’Administration essaie de se disculper. On ne peut plus nier que les enfants punis n’aient qu’une soupe tous les quatre jours. Il faudra reconnaître que ces petits, la chevelure à moitié rasée, les mains liées derrière le dos, défilent une honteuse parade, devant leurs camarades réunis. Affublés du costume grotesque, pieds nus dans les gros sabots, ils vont le pas incertain ; souvent le poing d’un gardien précipite leur marche indécise ; ils trébuchent, se redressent, ils passent les petits enfants dégradés. Et les autres, les camarades, fixes dans le rang, les yeux rouges, se disent : les reverrons-nous ?


À l’heure où paraissent ces lignes, un député, M. Fournière, apporte devant la Chambre