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Huit fois vingt-quatre heures ainsi. Sans sommeil, sans repos possible aux heures des nuits interminables. Et défense durant les jours de s’accoter le long du mur. Attention ! le gardien passe… gare à tes pieds, pauvre gosse, à tes pieds nus que les surveillants déchirent du talon de leurs bottes.

Le gardien t’a jeté un pain.

Baisse-toi, déchiquète, mange en chien… Quand ce sera jour de gamelle, tu la prendras avec les dents.

Pour d’autres besoins, on t’aidera… si tu es sage, si on a le temps. Ne pleure pas ! N’appelle pas : maman ! C’est le gardien qui va venir…


Au bout de la semaine, le jeu change.

On ôte cadenas et menottes. Les bras raidis, ankylosés, ne retombent pas le long du corps. Alors, par petites saccades, le gardien les ramène à lui — et pour huit nouvelles journées remet les menottes en avant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


J’attends maintenant le démenti. Les enfants montreront leurs bras…

Bras décharnés, poignets bleuis. Et les visages émaciés… C’est à Aniane. Qu’on aille voir !