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Charrons, menuisiers, ferblantiers, les enfants besognent dès le petit jour, sous les ordres d’une équipe de brutes, qui les harcèlent et les bâtonnent.

Comme repos, ou plutôt en guise d’éducation morale, on leur fait, une fois la semaine, faire l’exercice du fusil. On leur apprend aussi la boxe.

Les enfants qui sont maladroits, durant les leçons d’ensemble, se perfectionnent en cellule où les gardiens ne manquent jamais de leur infliger (boxe et chausson) quelques leçons particulières. Coups de poing, coups de pied, toutes les formes connues de passage à tabac, avec quelques raffinements, sont l’habituelle distraction de cette chiourme désœuvrée, atteinte de délire sadique.

Au mois d’août de cette année, le jeune Tissier était en cellule depuis une huitaine de jours lorsque le perruquier accompagné d’un gardien vint pour le raser à l’ordonnance. Le pauvre petit avait été, au cours de la semaine, si bien traité qu’il avait des trous dans la tête.

Le savon du perruquier, mordant le crâne mis à vif, causait si cruelle douleur que l’enfant ne retenait plus ses cris.

C’est alors que pour le faire taire, le surveillant Berlinguy, pendant qu’on rasait Tissier, se mit à le frapper, sous le menton, avec la boîte à rasoir !