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Il voulut jouer à son tour le pamphlétaire exilé : il fila par le train de Bruxelles, sans raison et sans autre rime que de faire la rime à Rochefort. Lorsqu’il revint, quelques mois plus tard, Drumont qui compte pourtant ses pièces ne regarda pas à la dépense : le Tout-Paris du Croissant lui fit un cortège grotesque.

Une imbécile vanité entraîne cet homme, au moins laid, à se faire tout le temps portraiturer. Il ne se doute pas de l’effet produit. De face, de profil ou de trois-quarts, il grimace sur des affiches, il fait la retape sur les murs.

Masque du Maître, masque de valet, masque de fureur et de frousse. Masque disparate : regard oblique, cheveux gras d’onctueux séminariste, lèvres lippues de Bamboula, poil hirsute de vieux rabbin. De tout, dans l’ensemble faux : du policier ratiocinant selon l’Évangile de Saint-Marc, de Quasimodo terroriste brandissant l’épée de Saint-Georges.

Masque d’escrime ! Vous avez vu, aux vitrines des librairies, dans cette série de photographies représentant « nos contemporains chez eux », un effarant portrait de Drumont. Communément, nos gens célèbres préparent, pour le photographe, le beau désordre de leur bureau, l’air inspiré, le livre ouvert, l’exposition des bibelots. Les femmes rêvent parmi des fleurs. Drumont prit la pose héroïque d’un maître grimaud sous les armes :