Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le peuple, comme au théâtre, et, pour le compte du plus payant, manifesteront au nom de la France.

Quant aux hommes libres que dégoûtent la bassesse et l’hypocrisie de la société contemporaine, ils ne sauraient marcher sans réserve pour la défense de cette république qui créa le délit d’opinion et fit des lois contre l’Idée.

Aussi, ma foi, dans la bagarre où ne nous rallie aucun drapeau, il n’est qu’un plaisir à prendre : celui de pointer au passage, comme il convient, les faux bonshommes qui se hissent aux épaules des foules pour pouvoir, de plus haut, mentir.

Le grand Chicard et dom Basile, les lanciers et les débardeurs, Déroulède, Drumont, Millevoye, les Meyer et les Polonnais donnent à la cohue des allures de descente de la Courtille.

Ils vont, s’agitent et se démènent. Judet, déguisé en lieutenant, porte Gyp sur ses épaules. Barrès, en costume d’eunuque, cherche en vain son « moi » dans ses poches. Forain se fait la tête de Lepelletier ; Humbert, celle d’un honnête homme. Le beau Nenesse joue du couteau. Caran d’Ache joue les culs-de-jatte.

La cour des Miracles descend : des curés, des « sans Dieu ni Maître », des abusés, des renégats, des soutanes et des casquettes. Dans la boue de