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devenue tout simplement nationaliste — ce qui voudra dire, demain : traditionnelle et royaliste. Je ne vais pas tirer ma preuve de déductions, faciles pourtant… Elle apparaît matérielle. Il suffit de constater que, à l’effacement de toutes autres communications de groupes politiques, le journal de M. Drumont insère, en ses meilleures places, les convocations des Comités royalistes, parlotes dont elle ne manque pas d’imprimer des comptes rendus où ses sympathies se dénoncent. Les pires roublards ont, ainsi, des maladresses qui déconcertent — et qui les livrent.

De même que les maris trompés, les républicains d’Algérie seront, sans doute, les derniers à s’apercevoir, un laid jour, des trahisons de leur élu.

Ils attendront le flagrant délit.

Comme l’heure est proche, on peut causer. Drumont est l’homme de la crise. On le sent l’artisan louche d’une réaction sans majesté ; ce n’est pas le grand premier rôle décoratif et de belle allure, c’est le troisième rôle, le rôle du traître de mélodrame et de sacristie.

Le traître devait crier : au traître !

C’est lui, Drumont, ce sont ses amis, les Sandherr et les du Paty, qui semblent avoir machiné cette tortueuse affaire Dreyfus, destinée à prouver au peuple que tous les juifs vendent leur patrie — et que la France, par conséquent, sous