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de misère, et des hommes sans arrière-pensée, s’affiche le bedid gommerce des gens qui pour de courtes sommes, de 5 francs à 15 centimes, inscrivirent de longues devises qu’on paierait cher — à la ligne.

De la Sociale, il fut peu question.

Les juifs et les purs chrétiens, les bons amis du Commandant, les enthousiastes du Capitaine, prodiguèrent, dans les prix doux, leurs invectives et leurs bravos: « Vive Dreyfus… 0 franc 60 » « À bas Zola… 1 fr. 20 ». On vit même des négociants, artistes et littérateurs, vanter leurs petits produits : « En l’honneur du livre que, etc… 3 fr. 50 » « La grande maison Un Tel, spécialité de vins d’Algérie, collecte faite par le personnel, A. L. 0 40, B 0 10, M. 0 15, etc., etc., (ensemble)…, 2 fr. 25. »

Il y eut aussi l’annonce cocasse. Je jure que je n’invente pas. Celle-ci se plaçait en tête d’une des listes de samedi dernier :

« Un Turco et son Américain........ 5 fr. 50 »

Sans doute le joyeux dollar était la mise de l’Américain. Quant à la pièce de dix sous, c’était le don du Turco…


Et puisque, par ce Turco, nous revoilà sur les militaires, un mot encore pour les grands juifs : je les crois très Américains. Je veux dire,