chantiers. Au ceinturon des officiers, l’étui noir des revolvers. Aux canons de tous les fusils, l’acier luisant des baïonnettes.
Et les baïonnettes cyniques et les revolvers chargés, tout prêts dans leur gaine de deuil — homme simple, gréviste patriote, tu sais pour quoi, tu sais pour qui !
Les Allemands ne sont pas à nos portes. La patrie n’est pas en danger. Ici, le coup de force est contre toi. C’est le capitalisme bourgeois qui mobilise les bataillons et redit à l’armée docile :
— Votre ennemi, c’est notre esclave !
Les grévistes ont dû réfléchir.
D’ordinaire, quand le rude travail, dès le petit jour, les happe, ils n’ont pas le temps de penser. La nuit les reprend, fourbus, pour le lourd sommeil inconscient.
Mais à ces vacances, sans pain, qu’on nomme la grève et le chômage, si la ceinture se serre d’un cran, l’esprit s’élargit d’une idée. Les groupements corporatifs ont appris que, dans les batailles prochaines, ils ne devront tabler que sur eux.
Ils ont, avec un beau dédain, prié les politiciens, les candidats, prêcheurs de calme ou de violence, mouches du coche, d’aller, plus loin, bourdonner.