Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.

oublier que ce fut lui qui, autrefois, proposa que les employés de chemins de fer fussent assimilés aux soldats, c’est-à-dire n’eussent pas le droit de se syndiquer, de se défendre. Mécaniciens, chefs de trains, poseurs de rails, fermeurs de portières, justiciables des conseils de guerre. Et peut-être bien les chefs de gare, avec le grade de capitaine, poursuivables même à huis-clos.

Le régime du Sabre… sur toute la ligne.


Lorsque le sinistre Galliffet, le général sanguinolent qu’estime M. Joseph Reinach, affirma que l’armée permanente n’aurait bientôt plus raison d’être, que sous la forme d’une gendarmerie, il dut avoir la vision d’un Paris comme celui-là même dont nous jouissons depuis trois semaines.

Ce n’est que rondes et patrouilles. Un bruit de ferraille par les rues. Des lignards, en petite escouade, sous le commandement d’un sergent de ville. Des officiers demandant le mot d’ordre aux inspecteurs de police. Sac au dos, tenue de campagne, cartouches dans les gibernes, soldats, hommes d’armes, gendarmes, toisant l’ouvrier qui passe…

Les chevaux des municipaux empiètent sur les trottoirs.

Des bivouacs dans les impasses. Des campements dans les gares. Des postes devant les