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SI NOUS ÉTIONS " DANS LES HUILES "


Faut-il que ces sages conseils ce soit nous qui les apportions. L’affaire Dreyfus, convenons-en, a déclassé les partis. Tandis que M. Trarieux révèle les trésors de libéralisme longtemps cachés au fond de son cœur, c’est nous qui sommes amenés à rappeler les bons préceptes de la politique traditionnelle.

Croyez-vous que si nous étions quelque chose dans le gouvernement nous ne ferions pas démentir que le colonel Sandherr, grand artisan de la condamnation de Dreyfus, soit mort fou quelque temps après ?

Croyez-vous que nous n’empêcherions pas les gazettes à notre solde de publier des faits divers dans le genre des deux suivants que les journaux bien pensants n’ont pas craint d’insérer hier :

Encore un officier voleur. — On mande de Toulon qu’un lieutenant a quitté la ville après avoir touché une somme d’argent destinée au paiement des hommes de sa compagnie.

Conseil de guerre. — Un jeune soldat, Charles Clodet, âgé de dix-neuf ans, passait aujourd’hui devant le Conseil de guerre de Bordeaux, pour outrages envers un supérieur. Au moment où le président lui demanda s’il n’avait rien à ajouter, Clodet arracha un bouton de sa veste et le lança au pied du Tribunal. Le Conseil délibéra séance tenante et, à l’unanimité, condamna le soldat Clodet à la peine de mort.

Ne pensez-vous pas, avec nous, que le départ du lieutenant mangeur de grenouille pouvait