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C’est pour avoir trop parlé que nos maîtres sont dans l’embarras. Ils eurent le tort de s’imaginer que des triages étaient possibles : à droite, les brebis galeuses, les boucs, les boucs émissaires ; à gauche, le mouton d’élite.

Boisdeffre y passa quand même, démissionnant en panique. Puis, après le colonel Henry, ce fut le colonel du Paty, mis à pied si brutalement que tous les soupçons s’accentuent : l’incendie gagne de proche en proche — on ne peut plus circonscrire le faux !

Les flammes gagnent la Mercerie


UNE IMPRUDENCE


La première maladresse, évidemment, est d’avoir un jour poursuivi le capitaine Dreyfus — traître ou non.

D’abord, les meilleurs esprits (j’entends par là : les bonnes têtes), admettent difficilement qu’il y ait des traîtres dans notre armée. Mais, s’il y en a, mieux vaut, certes, les exécuter sans scandale. C’est sur la route de Gabès que Dreyfus aurait pu tomber.

Ensuite, quelle lourde faute d’avoir précisément choisi, parmi tous ceux que l’on suspectait, un officier puissamment riche.

Il avait le moyen de se défendre !