Les Tuyaux
de « la Patrie »
J’ai reçu, hier, la visite d’un nègre que j’avais déjà vu, en Algérie, un jour où trois sous-offs de mon escadron le rouèrent de coups de matraque pour conquérir un sac de dattes dont il s’obstinait à réclamer le paiement.
— Je suis un ami de la France, me dit le bon nègre en se rappelant à mon souvenir… ami de la France, ami, ami, braves militaires ! seconde Patrie…
— Je sais, je sais…
— Vous, pas savoir. Moi, laissé l’Afrique. Beaucoup voyagé. Viens d’Angleterre. Anglais tous voleurs, tous traîtres. Entretiennent agents en France. Viens dénoncer !
— Mais c’est Norton ! m’écriai-je.
— Chut ! fit le noir, Norton n’était pas vrai nègre et li mort. Li grand blagueur. Kif kif Jidet ! Rien di tout. Moi, documents plein mon bissac.
En achevant ces mots, mon visiteur lança sur la table une volumineuse liasse de papiers. Des lettres s’en échappaient ; quelques-unes