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Là, c’est le chenil ! là, sont les hommes armés pour défendre ça — ça, la Société ; ça, l’Ogresse ! L’homme de garde, le factionnaire toise le passant, le gueux qui chemine… Le passant se retourne et, dans la nuit, un choc a lieu ! Quoi donc d’étrange ? Le conflit dure depuis toujours et rien n’était prémédité…


Il y a d’autant moins lieu d’être surpris du mouvement soudain d’Étiévant, que d’ignobles persécutions le poussèrent dans la voie farouche.

En 1891, alors que le gouvernement donnait la chasse aux écrivains anarchistes, on trouva moyen de l’impliquer dans une affaire de vol de dynamite. Étiévant fut condamné à cinq années d’emprisonnement. En sortant de la maison centrale où il avait bravement accompli sa peine, à la place d’un pauvre diable de père de famille qu’il ne voulut pas dénoncer, Étiévant se remit à écrire. On le guettait. Le premier article fut poursuivi. Et cet article — quelques phrases, vous entendez bien ! — le fit condamner à la relégation, c’est-à-dire à vie, c’est-à-dire à mort…

La condamnation était par défaut ; Étiévant erra quelque temps, sans pain, souvent sans asile, jusqu’au soir où, par hasard, il fit halte devant un poste…