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des militaires ; mais, vrai, vous mettez trop de feu à féliciter le conseil de guerre qui frappa le second Dreyfus. Les deux, pour vous… font-ils la paire ?


Ah ! je me garderai bien de retourner la corne dans la plaie. Mais il faut dire ce que l’on dit. Fi ! des pointes dissimulées… M. Rochefort pense comme moi. Et croyez-vous que le sémillant polémiste se serait gêné une minute si l’un de ses adversaires se fût trouvé dans la situation où lui-même s’agite aujourd’hui ?

« Le vieux bandit, aurait-il dit, l’immonde fripouille, le Sganarelle sinistre qui se venge sur un forçat des infidélités de Rosine… Le vieux ceci, le vieux cela… »

Il aurait dit les mots que je tais. Il les aurait dit avec la désinvolture qu’il mit à conter que l’impératrice se prostituait. Et que n’a-t-il pas dit d’autres femmes ? Rochefort fut un sans-pitié. Ne l’imitons pas. Et passons…


Et puis, à quoi bon chercher des causes lointaines aux actes des hommes ? Rochefort est devenu fougueusement antisémite, un beau matin, tout simplement parce qu’il avait entendu que l’on criait : À bas les juifs ! Ce fut Drumont qui l’inquiéta. Il n’y eut qu’une question de boutique.