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D’ailleurs il nous faut entendre, c’est le moment, d’autres voix. Que le général de Loverdo cède la parole aux Carrara !… M. et Mme Carrara, champignonnistes, et, s’il faut en croire les annuaires, légitimes descendants eux-mêmes d’un héroïque général ; les Carrara qui de l’ancêtre — encore l’atavisme, dira-t-on — gardèrent le côté farouche et devinrent célèbres, en temps de paix.

Devant le jury de la cour d’assises, ils avouèrent l’origine fort simple du meurtre du garçon de recettes : l’idée leur en était venue à la lecture de ces feuilletons spéciaux, romans de police et de surin, où se débitent et se détaillent les recettes des boulevards du Crime.

Carrara lisait le Petit Journal.

Le soir, en famille, à la chandelle, le couple s’abrutissait sur les feuilletons d’assassinats et de guet-apens rédigés par les honnêtes gens qui moralisent la nation. Le dimanche venu, sans aucun doute, ils s’offraient le Supplément Illustré, cette annexe du Petit Journal où s’étalent d’une façon hideuse les scènes de meurtre — les scènes à faire — tachetées de rouge sanguinolent.

Voyez l’Écho de la Roquette !


Carrara n’est pas le seul homme qu’aura perdu le Petit Journal. Sans plus parler des assassins