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passai pour sortir, je vis que le commissionnaire brandissait le Petit Journal.


De qui parlaient-ils ?

Je me gardai de les interroger. Les indices étaient suffisants : d’abord le Petit Journal, et puis ces mots vingt fois redits « le grand écrivain populaire ». Plus de doute. Ce n’était pas Marinoni qui s’intitule modestement en tête de son Petit Journal : Directeur de la Rédaction. Ce n’était pas Francisque Sarcey, Kif Kif bourricot, Thomas Grimm. Parti Sarcey ! Vidé Thomas ! Malgré moi, un nom me hantait : je songeais au maître écrivain, populaire entre les plus grands, à Celui dont la pensée forte franchit les monts et les vals sur l’épaule des colporteurs. Je pensais au commis-rédacteur que sut recueillir Marinoni, au leader du Petit Journal, au ténor de la maison plus national que Paulus. Le nom m’obsédait, martelant :

Judet ! Judet ! Judet Ernest !…


Eh ! quoi Judet ? C’était lui.

Lui dont le père, peut-être, avait été condamné pour quelque dol ou larcin… Le concierge n’avait pas précisé. Et que m’importait ! Une grande pitié me vint pour le fils…

Pauvre Ernest ! Était-ce donc là l’explication