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américaine. Message du président, vote des chambres, ultimatum…

Les obusiers sont en batterie.

Et les obus s’en vont pleuvoir sur les ports ensoleillés. Américains et Espagnols tenteront de s’approcher des côtes où s’étagent les maisons blanches, où florissent des populations. Les bombes tomberont au hasard sur les villas et sur les cases, dans les faubourgs où les enfants jouent par les rues, sur les hôpitaux où les malades seront, d’un seul coup, guéris…

Ce sont les bombes civilisées.


Il y a un an, à cette époque, l’Espagne, la Catholique, faisait feu partout. À Barcelone, ce n’était pas encore le bûcher ; mais les fusillades crépitaient.

Le conseil de guerre, siégeant en permanence, exécutait sommairement dans les fossés de Montjuich. On torturait les prisonniers coupables d’une opinion. Les brodequins de l’Inquisition chaussaient les pieds de nouveaux martyrs.

On arrachait des ongles. On brûlait des chairs au fer rouge.

Des moines en cagoule circulaient avec des gendarmes, des officiers et des juges, allant de cellule en cellule questionner comme on questionnait au temps regretté de la Question.