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Bien que troublés, les électeurs s’apprêtent à reprendre au refrain. Sous la baguette des chefs d’orchestre, tous les votards donneront de la voix. Tant pis, s’ils ne chantent pas juste. Candidats ! à vos trombones. Peuple souverain ! attention… Nous rénoverons le parlement. Une, deux ! une, deux ! Peuple ! aux urnes !… Gauche, droite ! c’est pour la République ! Une, deux ! gauche, droite ! En mesure…

Et vous, les abstentionnistes ! ceux qu’on ne fait point marcher au pas, au doigt, à l’œil et au bâton — attention ! la mesure est pour rien…


Simples Réserves


J’avais toujours cru que l’abstention était le langage muet dont il convenait de se servir pour indiquer son mépris des lois et de leurs faiseurs.

Voter, me disais-je, c’est se rendre complice. On prend sa part des décisions. On les ratifie d’avance. On est de la bande et du troupeau.

Comment refuser de s’incliner devant la Chose légiférée si l’on accepte le principe de la loi brutale du nombre ?

En ne votant pas, au contraire, il semble parfaitement logique de ne se soumettre jamais, de résister, de vivre en révolte.