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On le condamnera à mort.

Ce n’est pas lui qui s’en plaindra. C’est évidemment ce qu’il souhaitait. Il expliquera pourquoi, comment, il choisit — pour son suicide — ce moyen-ci plutôt qu’un autre. Le fait est qu’il voulait mourir.

Une fois, la première et la dernière, la Société lui sera propice.

On avait rendu la vie d’Étiévant absolument impossible. On l’avait acculé strictement à toute solution brutale. C’est à lui que, pour un article de journal, on infligea la relégation. À Londres où il s’était réfugié et où il exerçait, non sans talent, sa profession de sculpteur, les persécutions des agents de la police française, toujours attachés à ses pas, lui firent perdre son travail.

Il ne voulut pas crever de la faim. Une pensée l’obséda sans doute…

Il voulut mourir en bataille.


Pour apprécier la pensée de cette jeune tête qu’on va trancher, il importe de lire une lettre qu’écrivait, de Londres, Étiévant. Certes, il ne songeait pas, à cette heure-là, au sergot qu’il égratigna. Songeait-il même à revenir en France ? Il pensait, il écrivait :

« … Nous sommes ici de nombreux proscrits de tous pays convaincus du triomphe final de