Page:Zo d'Axa - Les feuilles.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pas de preuves. Rodot triomphe. Mais comme il est joli joueur :

— Je dirai tout, daigne-t-il expliquer au juge, ne me parlez plus de Marie Bigot. C’est une affaire trop récente. Les passions sont encore trop surexcitées. D’ailleurs je n’y suis pour rien. Causons de Maria Jouin, je préfère. Vous le verrez, je suis loyal : eh bien ! oui, c’est moi qui l’ai tuée. La pauvre ! c’est à coups de mailloche… j’ai frappé au moins vingt fois sur son crâne aux longs cheveux roux, et puis j’ai serré son cou…

— Continuez, continuez, fait le juge, Rodot, vous m’intéressez.

— J’aurai tout dit en ajoutant qu’en raison même de mes aveux et de ma bonne volonté vous devez immédiatement me faire remettre en liberté et me rendre à mes chères études.

— N’allez-vous pas un peu vite ?

— Non, monsieur le juge, je connais la loi, je respecte la Loi, moi, monsieur. J’ai tué, c’est vrai ; mais il y a plus de dix ans ! Ça ne vous regarde plus. Il y a prescription… Prescription, j’en appelle au code. Je me réclame de mon bon droit. Rayez l’affaire : on ne réchauffe point ces plats froids… Vive la Justice ! Donnez des ordres…

Et voici pourquoi le Parquet fait annoncer par