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lui qui nous retient; car sans doute il veut encore engraisser sa truite. —Comment! dit le jeune homme, mais elle crèvera dans sa peau. » Pour lui venir un peu en aide j'ajoutai à mon tour: « Prenez garde que, pendant que la truite engraisse, le garçon ne vienne à rien. —L'étranger dit vrai, reprit sa mère; aussi bien il n'est déjà plus le même. L'autre nuit encore, je l'ai entendu; il était debout et est sorti de la maison. — Les chiens aboyaient, et j'ai voulu voir ce qu'il y avait. —Nullement, dit la mère; tu te promenais et tu étais triste. Ne le laissons donc point se consumer plus longtemps. » A ces mots, elle serra dans ses bras la mère de la jeune fille, et l'embrassa. Celle-ci dit à son mari : « Faisons comme ils veulent, » et ainsi fut résolu. On fixa la noce au surlendemain, et on me pria d'attendre jusque-là, ce que je fis volontiers. Je songeais en moi-même combien est différente la condition des riches ; que d'embarras à tout propos, et surtout à l'occasion des mariages, que de soucis pour le père : les entremetteuses, les investigations sur le bien et la naissance, les dots, les donations, les promesses, les duperies, les conventions, les contrats, et souvent, au bout de tout cela, à l'heure même des noces, les inimitiés et les querelles. Ce n'est donc pas sans intention et comme un simple badinage que j'ai composé ce recit : j'ai voulu donner, d'après ma propre expérience, un modèle de cette vie heureuse dont j'ai parlé précédemment, de la tranquille existence des pauvres, de leurs discours, de leurs travaux, de leurs relations mutuelles, afin que chacun puisse à son gré contempler ce tableau.

FIN DU DEUXIÈME ET DERNIER VOLUME.