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« Très-vrai, dit-il. — Et d’où donc la tiens-tu ? — Vous vous rappelez, dit-il, cette laie que nous avons prise et dont tous les marcassins se sont sauvés ; car ils couraient plus vite que des lièvres : pourtant je suis parvenu à en atteindre un d’un coup de pierre et j’en ai arrêté un autre en lui jetant mon lacet. J’ai conduit celui-là au village et je l’ai échangé contre un petit cochon que je nourris dans une hutte construite par moi derrière la maison. — C’est donc cela, dit le père, que ta mère riait si bien toutes les fois que je m’étonnais d’entendre des grognements ; je comprends pourquoi tu faisais si vite marcher mon orge. — Aussi bien, reprit-il, il n’y a pas d’autre moyen d’engraisser ces Eubéens-là, surtout quand ils ne veulent pas manger de glands. Mais, si vous voulez le voir, j’irai le chercher. — Voyons, lui dit-on ; » et il partit suivi des enfants de la maison, tous riant et gambadant à l’envi. Pendant ce temps la jeune fille s’étant levée alla chercher dans l’autre cabane des cornouilles, des nèfles, des pommes d’hiver et de magnifiques grappes d’un raisin généreux. Elle essuya la table avec des feuilles, lorsque les viandes eurent disparu, la couvrit d’une verte et fraîche fougère, et y déposa les fruits. Les enfants arrivèrent alors, ramenant la victime, avec force rires et gambades. À côté d’eux marchait la mère du jeune homme accompagnée de deux jeunes enfants. Ils apportaient des pains de pur froment, et, dans des écuelles de bois, des œufs durs et des pois secs. La mère, après avoir embrassé son frère, sa belle-sœur et sa nièce, alla s’asseoir à côté de son mari, a Voici, dit-elle, la victime qu’il élève depuis longtemps pour ses noces ; tous les autres préparatifs sont faits de notre côté ; les gâteaux d’orge et de froment sont prêts : il n’y a que le vin qui nous manquera peut-être ; mais il ne sera pas difficile d’en trouver au village. » À côté d’elles tait assis le jeune homme, interrogeant des yeux le père de sa fiancée. Celui-ci reprit en souriant : « Mais c’est