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LUCIUS.


danse, le palestre. Mon maître ne me montrait qu’aux plus illustres de ses concitoyens, après boire ; dans les festins qu’il donnait, mes merveilleux talents étaient comme le bouquet, la pièce principale.

L. Mon gardien, de son côté, trouvait en. moi une source abondante de profits : il me tenait enfermé à la maison et ouvrait la porte, moyennant finance, à ceux qui voulaient voir mes faits et gestes merveilleux. Les visiteurs ne manquaient pas de m’apporter chacun quelque chose à manger, surtout les morceaux les plus excentriques pour un estomac d’âne : j’avalais tout. Aussi, mangeant à la table du maître, mangeant avec tous les curieux de la ville, j’étais en quelques jours devenu gras et rebondi. Un jour, une matrone étrangère à la ville, fort riche du reste et de mine assez avenante, étant entrée pour me voir dîner, tomba tout à coup éperdument amoureuse de moi. La vue d’un aussi bel âne, jointe à mes talents extraordinaires, lui donna la velléité de coucher avec moi. Cela étant, elle s’abouche avec mon gardien et lui promet une grosse récompense, s’il veut lui permettre de passer une nuit avec moi. Lui, peu soucieux de savoir si elle obtiendra ou non de moi quelque chose, prend toujours la somme.

LI. Le soir, en sortant du dîner du maître, et en rentrant à l’étable, nous la trouvâmes depuis longtemps installée à m’attendre. Elle s’était fait apporter des coussins bien moelleux, des couvertures ; un bon lit était préparé pour nous à terre. Les serviteurs de la dame sortirent et allèrent dormira quelque distance devant notre chambre. Elle, une fois enfermée avec moi, alluma une grande lampe, bien éclatante ; puis, debout près de cette lampe, elle se déshabilla toute nue, tira d’une fiole des odeurs dont elle se parfuma, et m’en frotta moi-même, en ayant soin surtout do m’en bourrer les naseaux. Puis elle se mit à me baiser, à me parler comme à un homme, à un amant, à me