mort pour domicile ; ensuite cuire dans cette charogne, au plus fort de Tété, sous un soleil brûlant, mourir à chaque instant d’une soif dévorante, et ne pouvoir pas s’étrangler pour en finir. Je laisse de côté les accessoires, la puanteur de Tâne en pourriture, les vers qui fourmilleront autour d’elle ; enfin les vautours qui arriveront jusqu’à elle à travers les chairs de l’âne et qui la dévoreront avec lui, peut-être même avant qu’elle soit morte.
XXVI. Tout le monde se récria sur cette belle, cette grande, cette merveilleuse invention. Pendant ce temps je me lamentais sur moi-même : j’allais donc être misérablement égorgé ; même mort, je ne reposerais point en paix ; il me faudrait Recevoir dans mon cadavre une malheureuse jeune fille, bien innocente, la pauvrette ! et lui servir do cercueil. Mais au point du jour la maison est tout-à-cqup envahie par une troupe de soldats, envoyés contre ces misérables. Ils enchaînent aussitôt tous les brigands et les entraînent vers le préfet de la province. i\voc eux était venu le fiancé de la jeune fille ; c’était même lui qui leur avait indiqué le repaire des brigands. Il prit sa fiancée, la mit sur mon dos, et la ramena ainsi à |a maison. Les paysans en nous voyant arriver de loin, comprirent que l’entreprise avait réussi ; j’avais soin d’ailleurs de leur annoncer par mes braiments la bonne nouvelle. Ils accoururent et nous firent entrer au milieu de mille félicitations.
XXVII. Ma maîtresse me traita avec beaucoup d’égards, et c’était justice : car j’avais été le compagnon de sa captivité, je m’étais associé à sa fuite et j’avais failli partager avec elle cette horrible mort. Chaque jour, on m’apportait de sa part, pour mon repas, un médimne d’orge et du foin à nourrir un chameau. Et pourtant je maudissais plus que jamais Palestra, de ne pas m’avoir, par son art, changé en chien plutôt qu’en âne ; car je voyais les chiens entrer à la cuisine