Page:Zevaco - Triboulet, 1901.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
TRIBOULET

— Eh bien ! ce truand ? demanda le roi avec une réelle angoisse d’impatience.

— Il est pris, sire.

— Pris ! s’écria François Ier rayonnant… Bravo, Monclar ! J’espère que vous avez pendu le drôle séance tenante !… Pas d’inutile procès… Il y a flagrant délit de rébellion et d’insulte au roi…

— J’ai fait mieux, sire ! dit le grand prévôt avec un sourire sinistre. Votre Majesté m’avait demandé quelque bon supplice pour ce misérable…

— Voyons le supplice… Je sais que vous êtes expert, Monclar…

— J’ai enfermé l’homme dans le charnier de Montfaucon, dit le grand prévôt avec une tranquillité terrible : j’ai placé dix gardes devant la porte de fer, et j’ai commandé qu’on n’ouvrît pas avant huit jours… Votre Majesté trouve t-elle que le supplice est suffisant ?

— Horrible ! murmura le roi, qui devint un peu pâle.

— Si Votre Majesté le désire, je vais faire ouvrir, et le drôle sera pendu au-dessus… du logis qu’il occupe en ce moment.

Le roi regarda Monclar d’un œil singulier.

— Croyez-vous qu’il souffrira longtemps ?…

— Pas plus de quatre à cinq jours… la faim et la soif tuent assez vite… j’ai fait sur ce sujet de curieuses expériences…

Le roi frissonna.

— Faut-il ouvrir, sire ?

— Puisque c’est commencé, balbutia le roi… autant cette mort… qu’une autre !

— C’est mon avis, dit froidement Monclar.

— N’en parlons plus, comte !

— Il suffit, sire… Votre Majesté a promis de recevoir le vénérable père Ignace de Loyola…

— C’est vrai… Il est là ? dit François avec une sorte de malaise.

— Il est entré au Louvre en même temps que moi.

— Faites-le introduire…