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LE BOUTE-CHARGE

logis Maudin ; en voilà un qui n’avait pas froid aux yeux ! Aussi, ça marchait !… Fallait voir ça !… On ne bronchait pas. De la boite, en veux-tu, en voilà. Mais pas d’infirmerie. Aujourd’hui, vous êtes un tas de poules mouillées, et vous passez la moitié du temps à vous faire exempter de cheval… »

Lorsque le moment du départ approche, les hommes de la classe oublient toutes les fatigues, toutes les souffrances, les nuits passées sur la planche, les gardes énervantes, les courses à travers champs par les froids de janvier, les galops sur le terrain, dans la lumière aveuglante du soleil de juillet, et les corvées de quartier, et les revues dans les chambres, et les colères contre le brigadier ; ils oublient tout : ils comptent scrupuleusement les jours qui les séparent encore de l’heure attendue. On efface candidement chaque journée écoulée sur le calendrier affiché dans le peloton, et devant lequel le dragon Macabiou fait de longues stations, se livre à des rêveries sans fin, en murmurant : « Encore trente-sept jours et demi ! »