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LE BOUTE-CHARGE

une corvée à faire, le brigadier de semaine évite soigneusement de les employer. Si l’un d’eux a commis quelqu’une de ces sottises qui se soldent en monnaie de salle de police, le sous-officier plaide volontiers pour lui le bénéfice des circonstances atténuantes et, assez souvent, obtient la grâce du coupable en développant ce thème :

— Mon lieutenant, c’est un homme de la classe. C’est son prochain départ qui l’a grisé. Ce serait dommage de faire bloquer un homme qui a toujours été bon soldat… »

Dans le peloton, leur opinion fait loi. Ce sont les plus anciens ; ils ont vu des choses que les autres n’ont pas vues. Ils ont connu un tel qui est resté célèbre. Ils ont assisté à tel événement fameux. Et leur triomphe, c’est de répéter sur tous les tons : « Ah ! vous autres, pierrots, on vous élève dans du coton. Il fallait voir çà de notre temps ! Vous n’avez pas connu le capitaine Gaspard ; en voilà un qui était raide ! Et le lieutenant Fenestro ; en voilà un qui nous menait dur ! Et le maréchal des