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LE BOUTE-CHARGE

coup très pale. Monsieur le vétérinaire en premier, s’est penché vers le général et lui donne des explications. On entend des bouts de phrase… « Dix-sept ans… vessigon… capelet… antérieur droit… bien usé… jarde et jardon… » tout une savante énumération que le général interrompt :

— Allons, accepté ! À un autre.

Accepté ! ce mot tombe droit sur le cœur de Bernard, lourd comme une condamnation : c’est la fin.

Huit jours après, Bernard conduit lui-même Fend-l’Air à la vente : il y a de ces choses très simples qui sont atroces. La place du marché de Cambrai est pleine de paysans qui examinent les réformés. Les vieux Picards, aux yeux plissés de malice, palpent les membres des chevaux, tâtent leurs goussets avant de se décider. Fend-l’Air est vendu le dernier, 80 francs. Et encore, l’acheteur est mécontent. « Mais bah ! il ira bien deux couples d’ans à la charrue ! »

Selon l’habitude, il tend une pièce de cent