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LE BOUTE-CHARGE

père Lemereur. Ah ! celui-là, par exemple, nous lui en voulons. Nous voulions le pendre. Et ce sera fait, voyez-vous ! Quand on est exaspéré par la misère !… Vous ne savez pas ce que c’est que la misère, vous ? Nous le savons, nous. Vous ne savez pas ce que c’est que de rentrer dans un logement sans feu par un temps pareil, d’envoyer sa femme chercher deux livres de pain à crédit, de talocher les mioches pour apaiser leur faim. Nous savons tout cela, et bien d’autres choses encore. Voyez-vous, ce père Lemereur, c’est notre patron, et il nous a tous volés. Il a d’abord baissé nos journées à trois francs. Nous n’avons rien dit. Maintenant, il voulait nous mettre à cinquante sous. Nous nous sommes fâchés. Voyons, je vous le demande, y a-t-il moyen de loger, de nourrir et d’habiller une famille avec cinquante sous ? Nous avons préféré la grève. Le père Lemereur s’est obstiné, nous aussi. Nous ne céderons pas. Eh bien, voyez-vous, du moment que nous ne voulons pas céder, il faut vous en aller. C’est ce que vous pouvez