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LE BOUTE-CHARGE

mettre nos affaires en ordre et à nous installer le plus commodément possible. Le lendemain, commencent les exercices de l’école de brigade ; puis, les divisions évoluent isolément ; enfin, nous manœuvrons division contre division. Et le matin, lorsque les douze régiments et les six batteries se concentrent sur le même point de l’immensité, il y a je ne sais quoi d’émouvant et de sombre dans la marche de cette masse de cavalerie qui laisse échapper de ses profondeurs le roulement cahoté des pièces de canon, le cliquetis mordant des fourreaux qui s’entrechoquent, et cette rumeur infinie, ce bruissement bizarre de six mille chevaux qui foulent les herbes desséchées, laissant derrière eux un large sillage d’où s’élèvent des nuées de sauterelles ; tandis que les cuirasses et les casques tracent de luisantes zébrures et que les tresses blanches des hussards se détachent sur la ligne noire des dolmans.

Les deux divisions se séparent et deviennent adversaires ; le champ de manœuvres se fait champ de bataille. Nous commençons l’explo-