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LE BOUTE-CHARGE

désir ardent de la lutte qu’on veut implacable.

Au loin, à quelque église invisible, deux heures sonnent. Les chevaux debout dorment lourdement ; les factionnaires se promènent, pensifs. Sur tout le bivouac silencieux, sur les régiments qu’écrase maintenant un sommeil de plomb, — comme un avant-goût de l’autre sommeil, — la lune qui se lève tardivement semble l’œil rouge d’un démon curieux accouru pour assister à la bataille. Et sur la division au repos, plane l’aile mystérieuse de la mort qui attend les braves, à l’aurore.

Aurore triste, aube qui se réveille avec angoisse sur ces champs aujourd’hui inconnus, demain célèbres… Quelle dut être la pensée des cavaliers endormis près de la ferme ignorée, du hameau perdu qui s’appellent… Hougoumont ou Morsbroon ?