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LE BOUTE-CHARGE

D’autres se sont livrés, de toute évidence, à des calculs très compliqués pour arriver à se venger d’un mauvais traitement.

Témoin le fait suivant dont je garantis l’authenticité.

J’ai eu autrefois dans mon peloton deux alezans très doux pour l’homme mais d’une incurable méchanceté pour leur congénères. Morsures, coups de pied, tout moyen leur était bon pour témoigner leur antipathie et faire place nette autour d’eux. Chose remarquable et digne de figurer parmi les preuves de la sélection ; de caractère hargneux, amateurs de solitude tous deux, ils faisaient excellent ménage : Narquois était rempli d’attentions pour Molve ; et Molve ne tolérait prés d’elle que Narquois.

Notez qu’il n’entrait pas un brin d’amour dans cette amitié, que cette sélection était purement spirituelle.

Pour les isoler de leurs camarades et prévenir ainsi des accidents, je fis placer Narquois dans un coin, Molve à côté de lui, et laissai libre l’intervalle voisin.