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LE BOUTE-CHARGE

Français naturalisé, qu’il ne demande qu’une betite temi-heure pour traverser les chambres et vendre sa cargaison ; je lui refuse impitoyablement l’entrée du quartier. Il s’en va en me regardant de travers. Quant à moi, je me contente de murmurer :

Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille.

Si tu n’es pas espion, tu en as la tournure… Va-t’en au diable.

— Qu’est-ce que c’est que ce lapin-là ? me demande le lieutenant Baudoin.

— Un colporteur que je n’ai pas voulu laisser entrer.

— Vous avez bien fait ; avec ces gaillards-là on ne sait jamais à quoi s’en tenir.

Et l’officier s’en va, en sifflotant, les mains dans les poches, la cravache sous le bras. Il a l’apparence d’un vrai gamin, ce lieutenant Baudoin, mais d’un gamin diantrement fort. Il est arrivé de Saint-Cyr, passant par Saumur. Il incarne le type de l’officier gai, tutoyant le