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SOUVENIRS SUR LÉNINE

timent sur l’opposition de gauche en Allemagne. Il avait assisté entre temps à une séance de la délégation allemande, où le camarade Koenig et la camarade Fischer, en qualité de représentants et des chefs de la gauche, avaient opposé leur conception de la Centrale et de la direction du parti. Ce fut d’une faiblesse politique extraordinaire, et, d’autre part, la réserve et la douceur du ton étaient frappantes, mais il faut dire aussi que « l’opposition de gauche » intervint en séance plénière du congrès avec une « modération » surprenante, à la rapprocher des grands gestes et des allures de fier-à-bras qu’elle affectait en Allemagne. La tête légèrement penchée en avant, la main à l’oreille, Lénine suivait les débats. Toutefois il ne prit pas part à la discussion. Mais quelle impression en avait-il rapportée ? C’est ce que je profitai de notre rencontre pour lui demander.

Lénine répondit en secouant la tête : « Je comprends que, dans la situation actuelle, il puisse y avoir chez vous quelque chose comme une opposition de gauche. Il existe certainement encore des dispositions K. P. D. istes, il y a des ouvriers mécontents et qui souffrent, dont les sentiments sont révolutionnaires, mais qui manquent d’éducation politique et n’y voient pas clair dans la situation. Pour eux, on n’avance pas assez vite. L’histoire ne semble pas pressée, mais les ouvriers mécontents trouvent que c’est la direction de votre parti qui ne veut pas se