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SOUVENIRS SUR LÉNINE

n’oublie pas que nos ouvriers et nos paysans ne sont pas des miséreux, ils ne sont pas la plèbe romaine. Ce n’est pas l’État qui les entretient, c’est eux qui entretiennent l’État par leur travail. Ils ont « fait » la Révolution, et pour défendre leur œuvre ils ont consenti des sacrifices sans exemple, ils ont versé des flots de sang. Nos ouvriers et paysans méritent vraiment plus que circenses, ils ont droit à l’art vrai, au grand art. C’est pourquoi il faut, avant tout, répandre le plus largement possible l’instruction et l’éducation populaires. C’est cette éducation — en admettant que le pain soit assuré — c’est elle qui crée le terrain nécessaire à une civilisation, le terrain où poussera un art vraiment nouveau, vraiment grand, un art communiste, qui créera d’autres formes pour un autre contenu. Il y a là pour nos « intellectuels » des besognes immenses, mais aussi infiniment fécondes. Comprendre cette tâche et la réaliser, ce serait pour eux payer leur tribut à la Révolution prolétarienne, qui leur a ouvert comme aux autres les portes toutes grandes, qui les libère, qui les fait sortir de la condition misérable où ils étaient réduits à vivre, et que le Manifeste Communiste définit d’une façon si magistrale. »

Nous avons parlé cette nuit-là, — il s’était fait tard, — de bien d’autres questions. Mais à peine le bruit des paroles s’était-il éteint que cette conversation s’est à peu près effacée de mon esprit, alors qu’est restée très vive l’im-