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CLARA ZETKIN

gouvernement la dictature du prolétariat. Lénine était, autant qu’un individu peut l’être, le créateur et le chef du grand empire dont la révolution avait fait le premier État ouvrier et paysan de la terre. Ses pensées, sa volonté vivaient dans des millions d’êtres, même en dehors de la Russie. Pour toutes les décisions importantes, c’était son point de vue qui l’emportait ; son nom était un symbole d’espoir et de libération, partout où il y avait des exploités et des opprimés. « Le camarade Lénine nous mène au communisme ; nous tiendrons, si dur que ce soit », disaient les ouvriers russes, qui, un haut idéal d’humanité devant les yeux, luttaient malgré le froid et la famine, sur les divers fronts de la guerre civile ou travaillaient, au milieu de difficultés inimaginables, au rétablissement de l’industrie. « Qu’avons-nous à craindre ? Que les seigneurs reviennent et nous reprennent la terre ? Le petit père Lénine nous sauvera, ainsi que Trotsky, avec l’Armée Rouge ! », disaient les paysans. « Vive Lénine ! » disaient les inscriptions sur les murs de plus d’une église en Italie, expression de l’admiration enthousiaste de quelque prolétaire saluant, dans la révolution russe, le champion de sa libération. C’est au nom de Lénine que se groupaient en Amérique, comme au Japon et aux Indes, tous ceux qui se révoltaient contre la tyrannie des possédants.

Qu’elle était simple et modeste, l’attitude de ce Lénine qui, en se retournant, pouvait déjà contempler une œuvre gigantesque et d’une por-