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DISCOURS.


Près de Sacrigali, je rencontrai un Rinoceros nouvellement pris dans les montagnes, que l’on menoit au Nabab de Bengale. Il étoit à-peu près de la hauteur d’un âne. On lui avoit lié le corps en travers avec de groſſes cordes ; & deux grands cables tenant à ces cordes par des nœuds, lui prolongeoient le corps de chaque

    levés par pluſieurs Particuliers Anglois ; la fortune de M. Clives, que l’on fait monter à plus d’un million de revenu ; près de cinquante millions au profit de la Compagnie Angloiſe, & qui lui ont ſervi à prendre Pondichery, ces dépouilles, qui n’ont pas épuiſé le Bengale, montrent la richeſſe de cette Province.

    Le Pays lui-meme ſitué entre le vingt-deuxieme & le vingt-fixieme degré de latitude Septentrionale, n’eft pour ainfi dire qu’un paturage, qu’un potager continuel. Entre Schandernagor & Balaflor les chemins font continuellement coupes par des champs de Nelis ( de riz en paille).

    Hors le tems des pluies, qui produit quclquefois des dysenteries, le climat du Bengale eft tres-doux ; les corps n’y font pas deifeches par un Sclcil trop brulant ; touty invite auxplaifirsj Sc le retour des fonds mis dans le Commerce tranquillife fur des depenfes que Ton eft fur de reparer promptement.

    Tel eſt (ou tel étoit) à-peu-près le Bengale. Il n’eft pas furprenant, après le tableau que je viens d’en tracer, que tous les Europeens ayent ſucceſſivement cherché à s’y etablir. C’eft fi l’on veut un malheur pour ceux qui y ont abordé les premiers ; mais d’un autre cote l’emulation a mulciplie les Fabriquans, & les Ouvrages ſe ſont perfectionnés.

    Que les Européens en poſſeſſion du Commerce de cette riche Contree, ayent enſuite empeche de nouvelles Compagnies d’y avoir acces ; ces procedes ne doivent point cronner : j’ai vu les debris d’un Vaiifeau Pruffien, qui peVit en i7 ;6fur les bancs de Goulpil. Les Francois moins interefles ouvrent leurs Comptoiis a toutes les Nations, & pechent par-la contre la Politique commercantc que leurs voiſins entendent bien mieux qu’eux.

    Mais au moins les Européens devroient-ils manager une mine ou its ont deffein de puifer continuellement. Ces fortunes qui cblouilfent I’Angleterre, ces droits immenfes que Londres retire des marchandifes du Bengale, font pour le moment. Lorfque les chofes feront retablies dans leur etat naturel, e’eft-a-dire fur le pied ou elles dcoient avant la derniere guerre, que lui reftera-t-il de cette y vrefle de bonheur ? Une pauvrcte reelle. Le Pays eft de vafte.les Ouvriers didipesj le prix des vivres, & par une fuite neceflairc celui des marchandifes a hauiH* coniiddrablement, avec les memes frais : que dis-je, avec des frais qui en pcu de terns doivent abforber les profits ; parce que dans un Pays ou l’on n’eft que foufFert, qui devient Conquerant doit toujours fe prefenrer avec les memos forces s’il ne veut pas être opprimé. Les Chefs des Comptoirs, les Confeillers &c. n’en feront pas moins leurs affaires : la diminution du gain & ics frais feront fur le compte de la Compagnie, dont les ordres n’effrayeront pas des Employes riches de 50000 l. ſterl.

    Il ſuit de ces Obfervations que des Compagnies etablics uniquement pour le Commerce, doivent furtout eviter, lorfque la guerre les divife, de prendre pour champ de bataille le Pays qui fait leur richeffe. Mais ces reflexions font inutiles : tout Commerçant veut l’être excluſivement, & s’endettera ſouvent pour ruiner ſon rival.