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PRÉLIMINAIRE.

Mais il falloit d’abord avoir un revenu fixe ; car, de fortune, je voyois bien qu’à peine toléré, je ne devois pas en attendre. M. De Leyrit, l’homme du monde le plus tranquille, & de crainte ſans doute de charger inutilement la Caiſſe de la Compagnie, fut quelque tems ſans me donner de réponſe ſatisfaiſante.

Mes petits fonds cependant s’épuiſoient. Dans l’impatience de remplir l’objet du voyage que je venois faire, je repréſentai vivement ma ſituation au Gouverneur, ajoutant que, s’il ne jugeoit pas à propos de regler mon ſort, j’étois déterminé à repaſſer en Europe par le Vaiſſeau qui m’avoit amené. M. De Leyrit, naturellement obligeant & inſtruit de la conduite que je tenois, prit ſur lui de fixer mon revenu à soixante-cinq roupies par mois ; ce qui faiſoit à-peu-près 1900 livres par an ; ajoûtant de cette maniere 1400 livres à ma penſion de 500 livres. Il me promit même d’engager la Compagnie à l’augmenter.

Tel eſt le revenu que j’ai touché dans l’Inde, juſqu’en 1760, que M. De Leyrit le fit monter à cent roupies par mois (2880 livres par an), à cauſe des Deſtours Parſes que j’étois obligé de payer, des frais de voyage & autres dépenſes dans leſquelles je me trouvois engagé : & quoique ce revenu ne m’ait donné que l’étroit néceſſaire, je dois reconnoître l’obligation que j’ai à la Compagnie d’avoir approuvé la conduite du Gouverneur à mon égard ; car je n’ai jamais été d’aucune utilité aux Comptoirs François de l’Inde.

Il eſt vrai qu’en ſuppoſant une déclaration de guerre, j’aurois pu ſervir l’État utilement. Pour cela, il eut fallu reſter à Pondichery ; M. De Leyrit m’y engageoit ; pluſieurs perſonnes me montroient en perſpective la fortune d’un Conſeiller, qui, par le Perſan moderne, avoit trouvé le moyen, en qualité d’Interprête, de gagner plus de quatre Lacs (plus d’un milion). Mais ſuivre ce parti, c’eût été renoncer à mes voyages dans les terres, aux Découvertes que je voulois faire. D’ailleurs le perſonnage mercenaire & comme inſtrumental d’Interprête, ne s’accordoit pas avec la liberté de mon caractere.