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xxiv
DISCOURS


née ſe paſſa dans les plaiſirs ; & ces commencemens me firent augurer favorablement des ſuites de mon entrepriſe.

M. De Goupil me donna une chambre dans ſa maiſon, ſa table, & ſon Épouſe voulut bien fe charger de me faire chercher ce dont j’avois befoin dans un climat fi different de celui que j’avois quitte. Enfin je fus regarde comme uneperfonne de la famille ; 6c j’avoue, avec la reconnoiffance la plus fincere, que, fl j ‘ai reufli dans quelques-uns de mes projets, je le dois a ces foins obligeans qui m’ont mis a portée de faire des connoiſſances utiles, £c de m’occuper de mon objet avec une liberte que je n’aurois pas eue, s’il avoit fallu en arrivant fonger a mon petit necefTaire. Au refte, je ne fuis pas le feul qui aie des obligations reelles a M. De Goupil : on trouvera dans l’lnde peu d’OfEciers auxquels il n’ait rendu des fervices importans, dont il n’ait avance la fortune, 2c qui ne fe louent de l’accueil qu’ils recevoient de fa maifon qui etoit comme le rendez-vous des honnetes gens.

Mon arrivée & le ſujet de mon voyage firent quelque bruit dans un Pays où Ton ne voyoit que des perfonnes attirees par l’amourdu gain,par le defir de reparer les de/ bris de leur fortune, ou obligees en quelque forte de s’expatrier pour^touffer les fuites d’une conduire trop dereglee pour l’Europe. On eut memela curiofite de me venir voir. Mais, fi ma jeuneffe 2c la blancheur de mon vifage parurent intereffer pour le moment en ma faveur, je puis dire que ces foibles avantages me nuifirent reellementdansl’efprit de ceux qui pouvoient feconder mes defTeins. L’objet qui m’amenoit dans l’lnde, parut en lui-meme beau, mais peu important ; 8c, fi Ton me fit la grace de ne me pas regarder comme un joli Impofteur qui s’etoit fervi de ce pretexte pour venir dans cctte Contr^e tenter fortune, on crut d’un autre cote quelememc coupdeSoleil, qui feroit difparoitre les rofes de mon teint,diiliperoit mes premieres idees. Je vis ces nuages fe former, 6c je n’en fus pas efFraye. Sans affecter un caracl :ere auftere qui m’auroit fait pafter pour dedaigneux, je tachai d’allier les plaifirs,qui me prevenoient en quelque force, avec l’execution de mon plan. Mais