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PRÉLIMINAIRE

trouve dans ſon Ouvrage aucun paſſage de l’Izeſchné ni des Néaeſchs, qui faiſoient néanmoins partie de ſes Manuſcrits ; il ſe contente de nommer le Zend-Aveſta, ſans en rien traduire : Son travail ne pouvoit donc paſſer aux yeux mêmes des Anglois, que pour un eſſai.

La voie la plus ſûre eut été ſans doute de conſulter les Perſes eux-mêmes ſur leur propre Religion ; & l’entrepriſe n’avoit rien d’impoſſible. L’Inde en préſente un corps nombreux établi depuis plus de neuf cens ans dans le Guzarate. Ils ſont répandus au Nord de la côte Malabare, où le goût du Commerce & l’induſtrie qui les caractériſent, leur ont procuré des Établiſſemens conſidérables. On les appelle dans l’Inde Parſis ou Parſes : je me ſervirai dans la ſuite de ce dernier nom pour déſigner ce reſte précieux des Diſciples de Zoroaſtre.

Ce fut des mains des Parſes établis à Surate, que George Bourchier, Anglois, recut en 1718 le Vendidad ſâdé. Ce volume qui contient trois ouvrages Zends, le Vendidad proprement dit, l’Izeſchné & le Viſpered, fut apporté en Angleterre qu’en 1723. Il paroiſſoit en Europe pour la premiere fois, & perſonne alors n’en pouvoit défricher les caracteres, quoique l’Alphabet Zend ſe trouvât dans un des Manuſcrits du Docteur Hyde.

Longtems après, un Conſeiller de Bombaye, M. Frazer, Écoſſois, connu par la Vie qu’il a donnée de Tamaskoulikhan, alla chercher à Surate ce qu’il croyoit pouvoir recouvrer des Ouvrages attribués à Zoroaſtre. Son projet réuſſit quant à l’achat de deux Livres Zends, l’Izeſchné & les Ieſchts, & de pluſieurs autres Manuſcrits Perſans Indiens : mais il lui fut impoſſible d’engager les Prêtres à lui enſeigner le Zend ni le Pehlvi, à lui donner la clef du Zend-Aveſta. De façon que peu ſatisfait de ſon voyage, il revint en Angleterre, où il eſt mort depuis. Telles furent les tentatives que firent les Anglois pour l’acquiſition & l’intelligence des Ouvrages attribués à Zoroaſtre. Le reſte de l’Europe s’en rapportoit au Docteur Hyde, ſans ſonger à apprendre des Langues dont les Sça-