Page:Zend-Avesta, trad. Anquetil-Duperron, volume 1.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xiv
PRÉFACE.

au lieu que les Hiſtoires courantes ou modernes, fruit ordinaire du cerveau des Poëtes, ne ſont le plus ſouvent qu’un tiſſu de fables.

Le ſçavant voyageur aura ſoin de remarquer les altérations que la langue ſacrée aura ſoufferte dans le païs où il eſt. À la Côte Malabare le Samskretan eſt mêlé de Tamoul ; à Bengale, de Bengali ; près de Surate, de mots Indous : le Pehlvi, aux environs de la mer Caſpienne ſe reſſent du Tartare. Ce ſera aux Académiciens de Paris à perfectionner toutes ces Obſervations. Celui qui aura paſſé douze ans à Surate verra bien dans le Samskretan de la Côte Malabare ce qui s’y trouvera d’étranger ; l’Académicien Malabar en fera autant du Samskretan du Guzarate : de cette façon on rendra les meres langues à leur premiere pureté.

Les Académiciens compoſeront des Grammaires & des Dictionnaires des langues dont ils ſeront chargés, feront l’Hiſtoire de ces langues ; ils diſtingueront ce qui eſt dans les anciens Livres, de ce qui eſt de ſimple tradition, tacheront d’acquérir les Ouvrages qu’ils ſeront dans le cas de citer & en fixeront l’ancienneté. Ces préliminaires poſés, ils travailleront à l’Hiſtoire générale du païs, après avoir traduit tous les Ouvrages d’où cette Hiſtoire doit être tirée, pour ne pas augmenter le nombre des Hiſtoires faites ſur des monumens apocryphes. Cette Hiſtoire ſera toujours relative à ce que nous appellons l’Hiſtoire ancienne, & la chronologie qu’on y ſuivra, à celle du texte Hébreu, à l’Ère d’Alexandre, à celles des Perſes, des Mahométans, des Indiens, enfin aux Époques rapportées au commencement des Tables Aſtronomiques d’Ouloug beigue.

L’Hiſtorien doit être attentif à tout remarquer. Chaque Religion a des points cachés ; chez les Indiens,