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DISCOURS

je rencontrai une petite Pagode ruinée, ſuivie d’un étang en pierre qui étoit preſque détruit. J’y vis un Caiman long de trois pieds ſur lequel je tirai. Je repaſſai enſuite à une heure de Kiour, par Kotekelon, Promontoire eſcarpe &c ſans habitations, qui forme dans la mer une anſe avec le rocher oppoſé. Les petites montagnes me parurent ſuivre la Cote, qui dans cet endroit eſt Nord &c Sud. Une demie heure de chemin plus loin s’avance dans la mer un ſecond Promontoire du même nom que le précédent. La côte qui y conduit va du Nord au Sud Sud-Eft.

Je venois de me déſalterer au milieu de la plaine qui ſépare ces deux Promontoires, dans un petit ruiſſeau d’eau douce qui arroſe le Village de Jogreimata, lorſque je vis paroitre une vingtaine de Noirs armes de ſabres, de piques, de longues épées tonantes à des braſſarts, des rondaches, de fléches, qui me crierent de m’arrêter. Le petit ruiſſeau dont je viens de parler me ſéparoit d’eux ; mon premier mouvement fut de me mettre en defenſe, et je les tins quelques minutes en respect avec un fuſil à deux coups : mais je vis mes deux Cipayes prêts à m’abandonner, ſur ce que ces gens leur dirent qu’ils etoient de Kiour, &c qu’ils avoient ordre de me conduire à leur Commandant de gré ou de force. Comme nous étions alors en paix avec le Canara, & que j’avois deſſein de prendre dans la fuite cette route pour me rendre à Goa, je ne voulus rien bruſquer. Je tachai ſeulement d’obtenir qu’ils me laiflTaiTene paſſer le reſte de la journee dans une Chaumiere qui etoit peu éloignée, tandis que deux de mes gens iroient ſaluer le Gouverneur de Kiour. Un Maure de la troupe, d’une phyſionomie aſſez revenante, paroiſſoit porté à m’écouter, lorſque le Chef arriva avec le reſte de l’eſcorte. Elle pouvoit monter a deux cens hommes, que je vis ſe précipiter des hauteurs voiſines &c m’entourer a, l’inſtant. Alors mes raiſons furent inutiles, &c tout haraſſé que j’etois, il fallut, dans le fort de la chaleur, marcher avec eux. À cette violence près, ils me donnoient des marques de reſpect que je ne devois pas attendre d’une pareille ſoldateſque, ſe tenant toujours à quelque diſtance de moi.

Je m’arrêtai un moment pour me rafraîchir à la porte