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DISCOURS


VOYAGE AUX INDES
ORIENTALES.
IIe. PARTIE.


C’est ici proprement que commencent mes travaux Littéraires. Les deux premieres années de mes Voyages préſentent un mélange de courſes, de dangers, de malheurs, de reſſources, dont il faut chercher la cauſe dans les plaiſirs enchanteurs des Colonies, dans ma jeuneſſe, dans la fougue des paſſions, & dans l’état où ſe trouvoient nos Établiſſemens à la Côte de Coromandel & dans le Bengale. Les deux mois que je paſſai à Pondichery depuis mon retour de cette dernière Contrée, furent deux mois de réflexion. Surpris moi-même des travers dans leſquels j’avois donné, ce qui me touchoit le plus étoit la perte de deux années, & la crainte de voir la guerre mettre obſtacle à l’ardeur raiſonnée dont je me ſentois animé. Telles furent les idées qui m’occupèrent pendant la tra-

    guerre auxiliaire qui peut vous mettre aux mains avec des Européens unis d’intérêts avec les ennemis de votre Protecteur. Vous le refuſez : il ſoupçonne quelques liaiſons avec ſes ennemis, cherche ailleurs du ſecours, enrichit vos voiſins en leur faiſant des corceflions dont vous pouviez jouir, gene votre Commerce, & vous accable lorfque vous vous y attendez le moins.

    Vous vous trouvez aſſailli par des voiſins jaloux : il vous abandonne & vous devenez la vidtime de vorre moderation, tres-bonne pour l’etat d’innocence, mais abfolument deplac^e au milieu de ce tourbillon de pa/lions qui meut le Genre-Humain. Tout homme richc a des envieux, a befoin de fecours contre eux : & dans des Pays audi eloignes, pour £tre en etat de fe defendre,od doit etrc en dtat d’atraquer ; on bien il faut fe borner a un Commerce ruineux, & s’attendre a devenir le jouet des Naturels, comme les Portugais le font du Sonde, da Marate & du Bonfolo.

    On me paſera ſans doute ces réflexions ſur les Établiſſemens des Européens dans l’Inde. Ce ſont les obfervations dun Voyageurqui a pii mal voir, etre mal inftruit, mais qui rapporte avec impartiality & fans precendrc chequer perfonne le bien & Ic mal qu’il a iti a portee de remarquer ; ce font les reflexions d’un homme de Lettres, qui fur les poilltfions dcs Francois dans cctte partie dc l’Afie, fur leur conduite a I’egard des Anglois, preTente le pour & le contre avec la tritiquc qu’il fe croiroit permife, s’il parloic des Colonics des Komaius des guerjei Puniques & de la mine dc Carthage.