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DISCOURS


de me trouver à ce siége, dont on parloit diverſement.

Je partis le 24, avec M. Law, laiſſant l’armée du Dekan campée à douze coſſes de Schikakol. Nous ſuivîmes la route ordinaire. Comme nous allions par journées de quinze à vingt coſſes, il ne me fut pas poſſible de marquer tous les lieux par leſquels nous paſsâmes : je penſe qu’on les verra décrits dans les Campagnes de M. de Buſſy, & l’on peut déjà conſulter à ce ſujet ſon Mémoire ſur l’État préſent de la Nation Françoiſe dans l’Inde, & les Lettres de M. de Moracin à M. Godeheu, & aux Syndics & Directeurs de la Compagnie ; morceaux exacts & vraiment patriotiques.

Nous mîmes neuf jours à nous rendre à Mazulipatam, parce que nous nous arrêtâmes près de trois jours à Narzapour, endroit considerable, connu par ſes Betilles, & où ſe fabriquent les belles Tchittes, qui portent le nom de Mazulipatam.

De Schikakol à Mazulipatam, il ne nous arriva rien de particulier. Seulement, étant à-peu-près par le travers d’Ianaon, notre promptitude penſa nous être funeſte. M. Law avoit écrit à M. de Bury le fils, Réſident à Ianaon, de lui faire tenir ſur la route les Paſſeports néceſſaires pour une Aldée dont les habitans n’étoient pas trop ſoumis : mais impatient d’arriver, il part, devance ſes Cipayes, je le ſuis, & nous approchons ſeuls de cette Aldée. À l’entrée, une vingtaine de Caleres, hauts de taille, armés de piques longues de dix-huit à vingt pieds, viennent nous recevoir avec quelque choſe de ſiniſtre dans la phiſionomie. Malgré nos armes ils pouvoient d’un ſeul coup nous enfiler dans nos Palanquins. M. Law leur demande ce qu’ils veulent. Sans trop faire attention à nos paroles, ils s’approchent de nous branlans leurs lances, & nous en voyons débouquer des forêts qui viennent groſſir le peloton. Nous ne ſçavions trop quel parti prendre, lorſque nos Cipayes parurent. Ils écarterent ceux qui entouroient nos voitures ; on donna quelques roupies au Chef, & ſur ces entrefaites arriva M. de Bury, qui étant connue de la Nation, les engagea facilement à ſe retirer.

Nous paſsâmes le Godavri a Rajimendri, Capitale de