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PRÉLIMINAIRE.


de Ganga. Mes affaires ni mes fonds ne me permirent pas d’attendre le jour de cette cérémonie.

Je me retirai dans un petit Verger de Cocotiers, où l’on m’apporta des lentilles & du ris, cuits fans poivre ni fel dans la Pagode de Jagrenat. Mon Alkara voulut me perfuader que ces legumes avoient un gout admirable. Pour moi, je les trouvai infipides, quoiqu’ils paflaflent pour prepares par la DeefTe Lakhfchimi. II fallut pourtant s’en contenter, parce que dans le terns des preparatifs de la Fete des chariots, on n’en trouve pas d’autres chez les Marchands. On vent audi dans ces Pagodes des pains benis que les Pelerins paient plus cher, & trouvent plus delicats que les pains ordinaires.

Je ne dirai rien ici de l’origine du Culte de Jagrenat [1], parce que je n’ai pas encore lu les Livres Sacres des Indiens. De meme, dans la fuite de cette Relation, lorf-

[1] Il eft parlé fort au long de Jagrenat dans V E^our Vedam, Outrage traduit de l’lndien que M. de Voltaire a envoye" en 1 76 1 a la Bibliotheque du Roi. Ce Manufcrit apporte en France par M. de Modave, vient originairement des papiers de M. Batthelemy, fecond du Confeil de Pondichery, qui vraifemblablement avoit fait traduire Toriginal par les Interpretes de la Compagnie qui ^toient a fes ordres. L’Ouvrage eft en forme de Dialogue, & divife en huit Livres : les Interlocuteurs font Biache & Chumontou. Les Curieux ne feront peutetre pas faerie’s de trouver ici le morceau de YE^our Vedam qui a rapport au Culte d’une des plus celebres Villes de l’Inde.

Le Chapitre III. du Livre VII commence ain(i ; « J’ai encore une queftion a vous faire ( c’eft Biache qui parle ) au fujet de Khnfchnou, qu’on adore dans l’Outkolo Dekan, appelle aujourd’hui l’Orixa, fous la figure d’un tronc de bois. J’ai donné à ce bois le nom d’fetre fupreme. J’ai fait fon Hiftoire fort au long j j-’jeTai meme enfeignée. Bien des Scavans penfent la-deflus comme moi. Il y eat autrefois dans l’Outkolo-Dekan ou l’Orixa, un Roi appelle 1 Indro Doumeno. Ce Prince qui fouhaitoit fincerement defefauver, voyoit a regret qu’il n’avoit encore rien fait dans tout le cours de fa vie qui put lui aflurer un fort plus heureux apres fa mort. Cette penfee l’affligeoir beaucoup II communiqua plus d’une fois fes inquietudes la-deflus a Bramma a quatre vifages, done il avoit fait fa Divinite 1 favorite, & lui demanda quel feroit fon fort apres fa mort. Bramma touche de fes peines, & charme tout-a Ia-fois de voir dans lui tant de bonne volonte, lui dit un jour : celfez grand Prince de vous inquieter fur votre fort a venir ; je vais vous enfeigner un moyen de vous en aflurer un qui fera vraiment digne d’envie, & qui mettra le comble a tous vos vceux. Tout aupres de la mereftfitue l’Outkolo Dekan. C’eft la que fe trouve la montagne appellee Nilo, qui a deux lieues & demie d’etendue. tile porte aufll le nom de Pouroufchotomo, du nom du Dicu qui y habitoit autrefois. Cette montagne eft un lieu vraiment facre, & qui a encore le pouvoirde pardonnerles pechds. Du terns du premier age on y voyoit un Temple tout d’or confacré à Vifchnou,