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coups d’éperon, même si le Boa va t’attraper, car alors je m’envolerai avec toi et jamais tu ne reverras tes parents. Prends aussi ces trois cailloux ».

À ce moment elles voient s’élever une grande poussière, la fille se met en selle et la jument part de toute sa vitesse. Le Boa ne la trouvant plus se met à la poursuite de sa femme. Au moment où il allait l’atteindre, la jument dit : « Jette à terre un caillou ». La fille obéit, et aussitôt il y a derrière elle un grand fleuve que le Boa a de la peine à traverser. Il y arrive néanmoins et reprend la poursuite : au moment d’atteindre sa femme, elle jette le second caillou, et il se forme derrière elle une grande montagne.

La jument dit alors : « Surtout rappelle-toi de ne pas m’éperonner ». Le Boa se rapproche encore. La fille jette le dernier caillou, et il pousse une brousse si épaisse qu’un homme n’eut pas pu la traverser, mais le serpent y arrive. La jument allait vite et déjà on voyait la maison du roi, mais voyant qu’elle n’avait pas de caillou à jeter, la fille a peur : la jument lui répète : « Surtout pas de coup d’éperon, sinon je m’en vais, et tu ne verras plus tes parents ». Mais